Ils sont en liesse, ils fêtent la Mort, leur libération. Rien ne compte plus alors que la fin de cette ère maudite, nébuleuse. Rien ne compte plus alors que les cris de joie, les embrassades passionnées, et le soleil qui revient, lentement, éclairer leurs visages tirés et basanés.

« Que se passe t-il ? »

Lui aussi, son visage était fatigué et émacié, malgré son jeune âge et ses joues encore rondes. Il porte cet air caractéristique de ceux qui ont perdu l'espoir et la foi qui les animent, de ceux qui n'attendent plus rien de la vie.

« Snow est tombé, mon garçon, Snow est tombé ! »

Son regard s'illumine, ses traits retrouvent leurs printemps écourtés, il se prend à sourire ; il avait perdu l'habitude. Et il crie avec eux, il se joint à cette lumière dans le chaos.

Mais les nuages reprennent toujours le dessus.

Un coup de feu, puis un autre. Le bruit mat des corps tombant pour l'exemple. Les cris s'épouvantent, puis le silence se fait, la discipline implacable toujours maintenue reprend sa supériorité. Un écran grésille puis s'allume, sur la place centrale. À côté de la potence. Les Pacificateurs gardent leurs armes en joue, alors que tous se tournent vers l'image. On y voit un Capitole agité, dans une tourmente qu'il n'a jamais connu. Des murmures se font entendre, inquiets, sarcastiques ou étonnés, mais ils sont vite étouffés par le cliquetis des fusils que l'on recharge. Soudain, Caesar Flickerman apparaît, ses cheveux bleu électriques défaits et la mine encore stupéfaite, mais solennel. Officiel. Et il retourne habilement sa veste.

« Habitants de Panem ! Aujourd'hui, le terrible règne du Président Snow s'est terminé, dans des conditions que personne n'aurait osé espérer. En attendant la mise en place d'un gouvernement provisoire, est nommée à la tête du pays Bidule Machine. L'assassinat du Président - pardon, de Snow ! - ne change en rien les règles actuelles pour l'instant, mesdames et messieurs. Les nouvelles mesures s'accumuleront sous peu, le temps de rétablir la paix et le calme dans tous les Districts. Ce jour-ci sera désormais férié, pour fêter la Libération ! Ah, mesdames et messieurs, je peine à y croire ! Il le faudra bien, cependant ! »

S'ensuit une fois féminine, professionnelle et monocorde, que tous écoutent bouche bée, sous le choc.

« Veuillez respecter les consignes données par les Pacificateurs dans chaque District. Toute liesse générale est pour l'instant prohibée. Des visionnages obligatoires auront lieu d'ici peu pour annoncer quels changements subira Panem à cette occasion. »

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