« Mom, come see. »
« Maman, viens voir. »

Ton ton n'a rien de cette impatience que tu abhorres. Il est calme, à l'aune des battements ralentis de ton cœur, indifférent. Tu regardes, ton blanc visage dénué de toute expression, le regard plongé dans ce monde dont toi seule possède la clef, tu regardes ce ciel tourmenté. Ce que tu y vois te passionne, mais tu ne souris pas. Tes lèvres s'entrouvrent, par moment, mais tu ne dis rien. Tu attends.

« Melancholia, sweetheart, you know that I don't have any time for your... »
« Melancholia, ma chérie, tu sais que je n'ai pas le temps pour tes... »

Tu l'entends, son soupir résigné, mais tu ne lui en veux pas. Tu sais à quel il est difficile, de te faire face, de te comprendre. Et tu le sais que, désormais, elle n'a un instant à accorder à tes fantaisies. Et pourtant, tu aimerais qu'elle te retrouve, qu'elle puisse s'allonger auprès de toi, comme autrefois. Des longues heures de silence salvatrices, paisibles, à fixer le blanc passer au gris. Mais tu le sais, elle ne peut plus.

« I know, Mom, I know... »
« Je sais, Maman, je sais... »

Ce n'est qu'un murmure, où elle ne peut sentir la déception, un murmure qui s'éternise et qui accuse. Tu peux sentir sa main s'attarder près de ton épaule, mais elle s'en va, laissant ce vide froid et sinistre. Tu n'y prête attention, tes yeux miels tournés vers un ciel couleur de sang, aux tristes reflets écarlates. Les volutes disparates des nuages emplissent tes poumons, tu inspires, tu expires. Tu inspires, doucement. Tu n'aimes pas cet éclat malsain, il t'effraie. Tu tournes alors la tête, ignorant le coton trop doux de tes draps frotter ta joue encore juvénile. Tu la regardes, comme toi seule peut le faire. Elle a l'air plus fragile que jamais, plus puissante. Tu fixes ses yeux de nuit, étoilés par le doute et la certitude. Et tu reprends, d'une voix faible mais posée. Tu ne veux pas convaincre, tu constates, simplement.

« You don't have to do this. »
« Tu n'as pas à faire ça. »

Elle secoue nerveusement la tête, quitte ton regard inquisiteur, et opte pour un souris navré. Et elle susurre à son tour, de son timbre clair et assuré, mais désolé.

« You know that I really have to. »
« Tu sais que je le dois vraiment. »

Tu hoches tristement la tête, tu sais qu'elle a raison, comme toujours. Et tu lui en veux d'être aussi certaine, de ne pas avoir ce doute qui te dévore et empêche ton calme serein usuel. Elle tourne le dos, avec un dernier rictus attristé.

« I know... »
« Je sais... »

Dis-moi touuut, absolument tout, sur tes tics, tes manies, tes préférences alimentaires, vestimentaires, vraiment tout et n'importe quoi - c'est le défouloir ici, présenté comme l'exemple suivant, avec des petites phrases exprimant une particularité inutile ou non "Elle a horreur des animaux rampants avec ou sans pattes Elle adore les fraises Elle a déjà été fouettée sur la place publique etc...".